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K comme Kerleroux

Découvrons aujourd’hui le futur. ITC me permet aujourd’hui d’aller voir comment sera ma petite famille, ma lignée dans quelques centaines d’années. Enfin pas ma famille, la descendance de la descendance… Pourquoi pas plus proche ?

Ce serait dommage de perdre les différentes surprises que peut nous offrir la vie ! 🙂

Direction Aussonne en 2242, nous sommes au mois de décembre. Aussonne, ma commune de 7000 habitants, est devenu un quartier de Toulouse. Finie la seconde couronne quand nous sommes arrivés en 2010 puis la première avec l’arrivée du Parc des Expositions en 2019. Maintenant Aussonne a le même statut que les Carmes ou les Minimes. C’est un quartier. C’est très bizarre.

Le centre a bien changé. Finies les boulangeries, la boucherie… 2 grands centres commerciaux se font concurrence. Le petit bourg a disparu, même l’église a disparu. Elle était pourtant inscrite aux monuments historiques… Dommage ! Mais les temps changent et les mœurs aussi. Bref !

Je déambule donc dans les artères aussonnaisses. Je me retrouve là où était notre maison en 2017. Cela a bien changé. Là où se trouvait une petite résidence tranquille avec une trentaine de maisons, s’érige maintenant droit comme un I un bel immeuble aux aspects, comment dire, modernes. À vue de nez pas moins de 30 étages. Vertigineux ! Le PLU a bien changé… Le charme aussi.

Néanmoins on trouve encore quelques quartiers résidentiels. Rien de pompeux. Tout dans la sobriété. Je regarde l’architecture et les vieilles maisons correspondent au style moderne à mon époque.

Que vois-je ? Cette maison a une plaque sur la façade : Ker Leroux. Je sonne à la porte. Au bout de quelques instants une personne m’accueille, un peu suspicieuse. En même temps mon look n’est pas très orthodoxe pour l’époque ! Je dénote quelque peu.

– Bonjour Monsieur. Je me présente Yann LEROUX j’arrive de 2017. Je suis en pleine aventure généalogique…

– Bonjour Yann ! Et bien les voyageurs de ce genre sont rares. Cela faisait longtemps que je n’en avais pas vu.

– Vous êtes moins surpris que l’aïeul de ma femme qu’elle a recontré à la fin du XIXème siècle.

– Le voyage temporel n’est pas une chose commune mais nous connaissons bien la technologie maintenant. Que puis-je pour vous ?

– Et bien j’ai été attiré par la plaque sur votre façade. Cela me rappelle mes origines bretonnes.

– En effet, je suis également d’origine bretonne. Même si avec le réchauffement climatique la Bretagne a presque disparu sous les eaux. Mais au moins le Mont St Michel est redevenu Breton ! Je ne vais pas faire le fanatique, mais bon, les normands…[1][2] Bref, ma famille est arrivée sur la commune d’Aussonne en 2010. Nous avons retrouvé des vieux documents en attestant. Mon grand-père a trouvé sur les archives de ce que vous appeliez l’internet une personne qui effectuait des recherches généalogiques et nous avons pu remonter notre arbre sur presque 6 siècles.

– Oh ! Je crois que vous parlez de moi et que nous sommes donc de la même famille.

– Pour une surprise ! Je présente Errol Leroux. Entre donc. Je pense avoir quelque chose à te montrer qui devrait te surprendre et t’intéresser.

En entrant dans la maison, je suis surpris par l’aspect de l’intérieur. Quelque chose ne colle pas.

– C’est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur ! On dirait …

– Le TARDIS ! Oui, ce qui n’était que fiction à votre époque est devenu réalité !

Nous nous dirigeons dans l’une des nombreuses pièces. Il n’y a pas de fenêtre et j’ai l’impression de rentrer dans une vieille bibliothèque. L’odeur des vieux livres, des vieux papiers. Comme lorsque l’on ouvre une boîte aux archives. Errol se dirige vers le mur du fond et semble activer une manette.

C’est à ce moment que la pièce s’est illuminée un peu à la manière d’une voûte dans un planétarium. Sauf qu’au lieu de voir l’expansion de notre galaxie, je pouvais naviguer dans un arbre généalogique holographique. En effleurant du bout du doigt les différentes lumières on accède aux informations relatives à la personne. J’aperçois d’ailleurs ma fiche.

– Non  Yann, tu ne voudrais pas tout gâcher. Connaître la date de sa mort ou bien celle de ces proches, c’est une sacrée croix à porter.

– Tu as raison. As-tu pu compléter mes recherches ?

– Non pas vraiment ! Je suis parti des dernières informations que j’ai pu trouver dans des archives numériques. J’ai ensuite complété ta lignée pour arriver jusqu’à moi. Mais avant toi, rien. Avec les guerres numériques beaucoup d’informations ont été perdues. D’ailleurs tu dois être en ce moment en pleine crise des ransomware. Ce n’est pas fini …

– On verra ce que l’avenir nous réserve. Merci pour toutes ces informations et à bientôt peut être ! En tout cas le clin d’œil à tes vieilles origines est très agréable. Tout ne se perd pas avec le temps. Au revoir Errol.

– Bye Grand-père !

  • [1] Le Couesnon dans sa folie a mis le Mont en Normandie. Le Couesnon dans sa raison le rendra aux bretons !
  • [2] Private Joke ! Yann si tu me lis ! Un petit lien pour toi histoire d’alimenter les discussions de notre prochain repas : ici
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J comme Jugement

Nous allons suivre aujourd’hui une plaidoirie en faveur d’Adolphine Levitoux. Il s’agit de la sœur de Marie Joseph qui n’est autre que la grand-mère paternelle de ma grand-mère paternelle. Sic !

Nous pénétrons dans le tribunal civil de Dinan ce 10 Septembre 1892, il est neuf heure du matin. La salle est bondée, il y a ce matin une trentaine de jugements qui doivent être rendus et d’affaires étudiées. Les différentes personnes prenant part aux délibérations sont en place. L’été se termine mais la chaleur est presque étouffante dans l’enceinte du tribunal. Un greffier pourrait ouvrir une fenêtre que ça ne serait pas du luxe.

Les affaires sont traitées les unes à la suite des autres. Au bout de 45 minutes notre cas n’ai toujours pas étudié. Adolphine ne semble pas rassurée. La raison de sa présence est pourtant plus que légitime et ne devrait poser aucun soucis. En même temps quelle idée de ne pas avoir de date de naissance officielle ! Elle, qui ne vit que de peu de choses, ne peut pas se marier comme tout le monde. Elle doit passer devant les tribunaux pour cela. Déjà que la vie ne lui a pas fait de cadeau elle doit en plus vivre cela. L’État Civil n’est-il pas là pour éviter ce genre de chose ? Bref, il semblerait qu’il y ait un léger soucis pour Adolphine et vu qu’elle doit se marier d’ici un mois, il faut qu’elle ait un acte de naissance.

C’est alors à ce moment que son avocat commence à réciter son plaidoyer en faveur d’Aldophine :

Messieurs, étant donné que ma cliente doit contracter mariage et que son acte de naissance a été omis par la suite sans doute de l’absence de son père, ayant pris connaissance du certificat du 10 Août de cette année, délivré conformément à l’article 6 de la loi du 10 Décembre 1850, il résulte que la demoiselle Levitoux est indigente. Attendu qu’il résulte des pièces ci-jointes, notamment un acte de baptême en date du 31 Décembre 1868 délivré par le recteur de Caulnes, qui nous indique une date de naissance au 30 Décembre de la même année, et enfin qu’il est de notoriété publique qu’elle est la fille Sébastien Charles Levitoux et de Anne-Marie Gendrot, mari et femme, je vous demande bien vouloir reconnaître et faire inscrire dans l’état civil de la commune de Caulnes que ma cliente est née le 30 Décembre 1868. Merci

Sur ce, nous quittons le tribunal. Nous la suivons. Elle ne semble toujours pas rassurée. Nous la retrouvons quelques jours plus tard. Le 26 Août ! La décision est rendue.

Vu les pièces jointes et surtout l’acte de baptême fourni par le recteur de Caulnes, dorénavant, Adolphine Marie Mélanie est officiellement née le 30 Décembre 1868. Cette regrettable omission est réparée par ce jugement. Il sera ajouté en marge des actes de l’année 1868 qu’Adolphine a bel et bien vue le jour à Caulnes le 30 Décembre 1868.

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Naissance Caulnes 1858 – 1869 Vue 359/3

Cette journée fût une belle journée, mais pas autant que le 10 octobre 1892 où elle pris enfin pour époux Ange Rigollé, cantonier de son état.

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I comme Indice !

Changeons un peu d’ambiance. Nous avons suivi Grégoire dernièrement pendant la Grande Guerre. Revenons à des choses un peu plus joyeuses. Parlons d’une naissance ! Qu’en dites vous ?

Nous nous rendons à Rennes, près de la rue du Four-du-Chapitre où vivent les parents de Félix Cornée. C’est dans cette maison que le 26 Juillet 1849 à 8h30 naquit Félix Marie Cornée premier enfant du couple Félix Cornée & Cécile Viel. Encore eux !

Ce n’est pas l’accouchement que nous allons suivre mais la déclaration en mairie de la naissance. J’espère pouvoir y capter une information concernant le mariage de ces deux là. Car malgré toutes mes recherches, méthode de l’escargot autour de Janzé et Servon-sur-Vilaine, la lecture des dépouillements des communes d’llle-et-Vilaine disponibles aux AD35 ou encore l’arrivée de Filae, rien ne m’a permis de mettre la main sur une quelconque information !

N - 1849 - CORNEE Félix Marie
Archives de Rennes – 1849

Nous sommes donc dans un bureau de la mairie de Rennes, le 28 Juillet, quelques jours après la naissance. Le docteur Augustin Bruté (de Remur) âgé de 33 ans vient faire la déclaration de naissance auprès de l’officier de l’état civil accompagné de Félix Cornée le grand-père de l’enfant et d’un voisin Auguste Guillet.

– Docteur Bruté : Bonjour, nous souhaiterions déclarer la naissance d’un enfant mâle. Je suis le docteur Bruté et j’ai accouché madame Cécile Viel épouse Cornée.

– Officier : Bonjour, très bien. Je vais chercher le registre. Veuillez patienter.

SCRATCH …

– Officier : Donc, dites moi tout. Vous avez accouché Madame ?

– Docteur : Viel, Cécile.

– Officier : Âgée de ?

SCRATCH …

– Félix Cornée : 23 ans.

– Officier : Très bien. Vous êtes donc le père de son époux si j’ai bien compris.

SCRATCH …

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AD35 ~ Conscrits

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– Félix : Oui tout à fait ! Mon fils est parti pour son service avec le 1er Régiment d’Infanterie Légère.

SCRATCH … SCRATCH …

– Officier : Et votre fils a quel âge ? Et quand et où se sont-ils mariés ?

Je retiens mon souffle ! Je vais enfin connaître cette fameuse information tant recherchée. SCRATCH … SCRATCH … SCRATCH … Mais c’est quoi ce bruit !? On dirait que la réception est mauvaise.

– Docteur Bruté : Pardonnez-moi, je vais signer rapidement j’ai des patients à aller voir.

– Officier : Très bien ! Ici. Merci Docteur.

– Félix : Donc concernant le mariage…

SCRATCH … BANG ! Me revoilà à Toulouse au XXIème siècle. Que s’est-il passé ? Les ingénieurs m’expliquent qu’avec les fortes chaleurs un peu inattendues de ces derniers jours le système de refroidissement n’a pas tenu le coup. Ils n’ont pas pu maintenir la connexion avec l’année 1849. Je crois que cette épine va encore une nouvelle fois rester épineuse !

Pour la petite anecdote. Il y a quelques années, je suis allé manger Rue du Chapitre à Rennes. C’est le nouveau nom de la rue. C’était une petite crêperie bien sympathique La Saint-Georges. Si seulement je l’avais su à l’époque, je n’aurais pas déambulé dans la rue de la même manière.

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H comme Happy National Day

Je m’installe aujourd’hui dans le fauteuil et je demande aux ingénieurs d’ITC de m’envoyer le 14 Juillet 1918 auprès de Grégoire. La machine ronronne un peu plus fort que d’habitude. En même temps cela est normal, elle doit déterminer l’emplacement où m’envoyer car je ne sais pas où se trouvait Grégoire à cette époque. Il a quitté l’hôpital le 25 Juin mais je ne sais pas pour où. Son livret militaire n’indique rien et sa fiche matricule a disparu. La seule information que je n’ai pas encore décryptée c’est le mode de sortie. Je ne sais pas si cela m’apportera des pistes mais pour le moment c’est encore un mystère.

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Extrait Formulaire 46C Grégoire BOUBENNEC SAMHA

Je me retrouve près de Grégoire dans un grand parc. Il y a de nombreux militaires partout et a priori un Colonel s’apprête à faire une revue des personnels. Grégoire est encore convalescent. Cela se voit, les mouvements du buste sont lents et lui demande un effort très important.

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© Collection Laurent Albaret | « L’heure du vaguemestre », carte postale de 1914.

– BOUBENNEC ! BOUBENNEC, une lettre pour BOUBENNEC.

– Oui c’est moi Caporal !

– Tenez une carte de vos camarades. Ils pensent bien à vous !

– Merci Caporal.

Le jeune Caporal repart pour continuer la distribution des courriers reçus.

– DURAND, une lettre, DURAND

Je m’approche de Grégoire. Il est heureux. Un large sourire efface la fatigue et la souffrance de son visage. Qu’y a-t-il donc sur cette carte ? Je me place derrière Grégoire et je scrute la carte par dessus son épaule. Oh ! Il s’agit d’une carte de ces camarades du 115ème. La seconde section lui envoie un petit mot avec le menu prévu pour ce 14 Juilllet.

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Collection Personnelle

Je comprends mieux pourquoi le sourire est si grand et qu’il est d’un coup apaisé. La douleur doit toujours être là mais ces quelques lignes doivent lui mettre énormément de baume au cœur. Je l’abandonne à ce moment. Il rejoint ces compagnons pour le rassemblement avant la revue des troupes par le Colonel.

Et puis qui sait, je saurais peut être un jour où je suis allé !

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G comme Grave Blessure

Nous sommes à la fin du printemps 1918. Grégoire BOUBENNEC est soldat de seconde classe au sein de la 4ème compagnie. Il est comme beaucoup de français bien loin de chez lui et de ses proches.

Je m’en vais donc retrouver mon arrière-grand-père quelques jours auparavant. Nous testons aujourd’hui avec les personnes d’ITC une nouvelle option : les micros-sauts. Nous pouvons donc arriver un jour particulier et faire avance rapide vers un autre jour. Cela nous permet de suivre l’évolution sur plusieurs jours.

17 Avril 1918

Après avoir quitté quelques jours auparavant l’Italie, Grégoire descend du 2ndtrain à Éplissier. Les traits sont tirés. Depuis 5 jours, ils ont traversé la France du Sud vers le Nord. Les wagons ne sont pas très spacieux ni très classieux. Ils dorment comme ils peuvent en sachant qu’ils se rapprochent à nouveau du front.

2 Mai 1918

Direction un village au Nord d’Amiens, Saint-Vaast-en-Chaussée. Beaucoup de marche ! Grégoire ne semble pas plus en forme mais la mine est moins grise. La fatigue physique est une chose mais au moins ils ne sont plus entassés les uns sur les autres.

15 Mai 1918

Grégoire profite, je le vois même rire à l’arrière des camions qui le transportent  lui et ses camarades jusqu’à Rumilly.

31 Mai 1918

Le bataillon quitte Rummily et embarque à la gare de Wilzernes pour arriver à Trilport le 4 Juin. Grégoire est sa compagnie sont dans le second train. C’est reparti ! Ils montent les uns derrières les autres dans les wagons, mais le cœur n’y est pas. Heureusement que je peux passer d’un moment à un autre car ces journées de train auraient été d’une longueur…

7 Juin 1918

Dans les environs de Crouy-sur-Ourcq, le bataillon est pris à partie. Le capitaine Blondeau de la seconde compagnie est mortellement touché et 3 autres soldats sont blessés.

8 Juin 1918

Suite aux mouvements de la nuit du 7 au 8, les allemands déclenchent une contre-attaque arrêtée par la 1ère compagnie tandis que des bombardements touchent le quartier du bataillon. Pour la seconde fois, Grégoire est blessé. Cette fois par un éclat d’obus à l’omoplate droite. Je le vois sur cette civière, le dos bandé. Il est porté dans l’ambulance 14/13.

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Formulaire 46 C pour sortie

Il sortira de l’hôpital le 25 juin 1918. Je ne sais pas encore où il est parti. Je ne retrouve sa trace de manière certaine qu’en novembre 1918 à Grasse. Il obtiendra une carte d’invalidité de 20% à cause de ses blessures.

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Carte d’invalidité (Collection personnel)

Sources

  • Formulaire 46C de Grégoire BOUBENNEC (SAMHA)
  • JMO du 115e BCA