Publié dans Généalogie, RDVAncestral

Mariage à Carnoët #RDVAncestral

Direction Carnoët, de nouveau pour le voyage temporel de ce jour. Je ne vous présente plus les protagonistes puisqu’il s’agit encore de Grégoire Boubennec et de sa femme Augustine Daniel.

J’arrive de nouveau sur la rue principale de Carnoët où j’ai abandonné Grégoire à ses occupations lors de mon précédent passage en 1925. Je ne sais pas si les affaires se portent bien, mais lorsque je les aperçois à la sortie de l’église, je trouve Grégoire fringuant dans son beau costume. Ils viennent tout juste d’assister à la messe d’un mariage. Nous sommes en septembre 1926 (date estimée par rapport à l’âge probable des enfants). Joseph, mon grand-père, marche à côté d’Augustine, du haut de ces 3 ans il gambade fièrement avec les grandes personnes, comme il dit. Raymond, son petit frère, est, quant à lui, dans les bras de sa mère. Ils se rendent près de la maison familiale des mariés pour prendre la photo de groupe et débuter le banquet.

À l’avant du cortège, les binious et les bombardes donnent le pas, suivi de la mariée et son père, la famille, l’arbre de noces [1], les amis et finalement, pour clôturer le cortège, nous retrouvons le marié au bras de sa mère.

Assis pour les uns, debout pour d’autres voire même débout sur des bancs positionnés le long de la façade du corps de ferme, les convives s’entassent pour être dans le cadre de la photo. En tout cas, je dois dire que c’est une autre époque. Les gens ne feignent même pas. Les cigarettes sont à la bouche et allumées sur la photo ! On ne ferait pas ça de nos jours…

La photo est prise. Il n’y aura pas de seconde ou bien de photos en rafales. Le coût est bien trop élevé. Nous faisons 3 ou 400 photos assez facilement de nos jours, mais ce jour-là seules 4 photos ont été faites. Les mariés seuls, la famille proche, le groupe et enfin une dernière sera faite lors du banquet.

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Mariage Breton à Scrignac http://www.culture-bretagne.net

Bien qu’il s’agisse d’un mariage breton en bonne et dû forme, il n’y a pas beaucoup de monde. La tradition se perd peu à peu depuis le début du siècle. Donc plus besoin de creuser des tranchées pour que tout le monde puisse manger assis. Ce soir, tout le monde pourra se targuer d’avoir pu manger à une table.

Le repas est fait à partir de mets apportés par les uns et les autres. Tout le monde participe à sa manière. Certains ont fourni le pain, d’autres des poulets.

En tout cas tout le monde s’amuse. Alors que le banquet se termine et que les danses bretonnes prennent le relais, je vois une drôle de chose. Certains jeunes gens et des plus vieux d’ailleurs, se dirigent vers l’arbre de noces pour y décrocher des petits sachets blancs. Qu’est-ce donc ?  En m’approchant je m’aperçois que ces petits sacs sont remplis de tabacs. Les mariés ont prévu un surplus pour ceux qui n’en n’auraient pas prévus assez pour toute la soirée.

L’heure se fait tardive et Augustine rentre avec les enfants tandis que Grégoire reste festoyer avec ses amis. Je reviens doucement au XXIème siècle avec des airs bretons plein la tête. Je ne sais toujours pas qui s’est marié ce jour-là. Et Raymond ne reconnaît personne sur la photo. Il était pourtant là, dans les bras de sa mère. Son frère devant lui et Grégoire debout derrière arborant sa belle moustache.

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Collection personnelle Mariage à Carnoët

[1]  L’arbre de noce est un arbre (laurier, houx…) qui est décoré pour l’occasion. Il est porté jusqu’à l’église par le cortège puis jusqu’au lieu du banquet. Il peut être décoré avec des petits sachets blancs rempli de tabac pour les invités.

Sources
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Rendez-vous chez le notaire #RDVAncestral

Je rejoins aujourd’hui Antoine Bérard, avec qui je n’ai pas de lien, et mon arrière-arrière-arrière-grand-mère Magdeleine Chalendard, sur la route d’Yssingeaux. Magdeleine est déjà mère mais le père n’a pas reconnu l’enfant. Nos deux jeunes tourtereaux n’ont pas encore convolé en juste noce, ce sera dans 2 semaines, le 8 Janvier 1868 au Pertuis. En attendant, ils se rendent ce 24 Décembre 1867 chez Maître Courbon pour rédiger leur contrat de mariage.

Je me trouve à l’entrée de l’étude et je vois arriver Antoine avec son père Pierre. Ils arrivent tous les deux de Saint-Julien-du-Pinet (à environ 11 km). Puis arrive quelques minutes plus tard, Magdelaine avec sa mère Martine Suc. Elles viennent de parcourir les 8 kilomètres qui séparent Yssingeaux et le lieu de la Vézolle au Pertuis.

Malgré le froid régnant en pareil saison dans cette région, tout le monde semble décidé à se rendre chez Maître Courbon.

L’ensemble des protagonistes est accueilli par le greffier de l’étude. Ce dernier accompagne le groupe dans le bureau de Claude Courbon. Le feu de l’âtre permet à tout le monde de se réchauffer un peu. Mais le notaire ne perd pas de temps. Nous sommes la veille de Noël, il ne faudrait pas qu’il soit en retard pour le souper !

Ils commencent par lister la constitution de la dot de Magdelaine :

  • ses gains et économies,
  • son trousseau (habits, nappes, linges et hardes),
  • objets mobiliers suite au décès de son père, dont elle jouit de moitié avec sa sœur, dont la valeur est évaluée à 550 francs,
  • droits immobiliers selon la même indivision.

Le mariage se fera sous le régime exclusif de communauté.

Arrive le moment de signer. Antoine est interpellé par le greffier et répond qu’il ne sait pas signer, tandis que sa femme prend la plume est signe d’une belle écriture. D’autres témoins, non-cités, signent également. Notamment de la famille de la mère de Magdeleine, car l’on retrouve plusieurs signatures aux noms de Suc.

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Signatures au bas du contrat

Maintenant que ces documents sont faits, tout le monde s’emmitoufle pour retourner affronter le froid de ce mois de décembre. Des mains sont serrées chaleureusement tandis que quelques belles accolades concluent cette journée avant que tout le monde ne se retrouve pour le grand jour au Pertuis pour le mariage tant attendu.

 

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Typhoïde #RDVAncestral

Aujourd’hui destination la ville de Dinan en 3 avril 1886. Allons à la rencontre de l’un des fils de Cécile VIEL & Félix CORNÉE. N°9 au tirage dans le canton de Châteaugiron, il est en service depuis décembre 1885 au 12ème Régiment de Hussard ! Comme d’habitude, je me retrouve catalpulté dans une nouvelle époque. J’arrive Rue de la Petite Haie où se situe le quartier Beaumanoir. Il s’agit du quartier militaire où est cantonné le régiment.

Ce régiment est basé en Bretagne, depuis la fin 1876. C’est en effet à cette époque que les nouveaux bâtiments sont livrés. Le 24ème Dragon et le 12ème Hussard s’y installent. Hasard du calendrier (ou non), c’est aussi à cette époque que le maire de Dinan, Antoine Jacquemin, autorise l’ouverture d’une maison spéciale ; une maison pour le plaisir et le délassement du guerrier.

Le régiment de François a pour devise “Honneur & Patrie”, il a combattu notamment lors de la bataille de Marengo en 1800. François sait lire et écrire comme l’indique sa fiche matricule. Il est châtain et mesure 1m63, les yeux roux et le front ordinaire. Avant d’arriver au service, il travaille au café de Saumur. Il est bien loin de ses parents toujours résidants de Servon-sur-Vilain où il est né le 1er Mars 1864.

Depuis le 5 Décembre 1885, François doit effectuer les différents exercices avec ces compagnons. Je me rends donc sur le champ de manoeuvre qui dans une commune voisine à Aucaleuc pour essayer de le voir. Mais hélas mes efforts pour l’apercevoir chevaucher fièrement sont vains. J’aperçois par contre le Colonel Toscan du Terrail, chef de corp du régiment. Prêt de lui la liste des soldats en exercice ce jour. C’est bien ce que je craignais, le nom de François ne figure pas sur cette liste des présents mais sur celle des malades.

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Finalement direction l’hospice des catherinettes, qui sert d’hôpital militaire depuis 1874. Cela fait plusieurs jours qu’il est très fiévreux et qu’il délire. Nous sommes déjà dans une phase avancée de la maladie. Il souffre de la fièvre typhoïde. Les commentaires du médecin sur son dossier ne sont guère encourageants. Bien que l’on sache déjà traiter cette maladie à cette époque, il semble que François ait été mal diagnostiqué ou bien simplement qu’il n’a pas été réceptif au traitement car il décédera 2 jours plus tard à l’hôpital. Je suis arrivé trop tard !

D - 1886 - CORNEE François
AD22 – Vue 427/570

Une épidémie touchera les deux quartiers à l’été 1889 qui fera 12 morts. Les quartiers militaires seront rétrocédés à la commune en 1998 après la fin d’activité militaire sur ces sites. La volonté a été d’ouvrir les anciennes casernes aux Dinannais en aménageant l’environnement et en conservant le plus possible les anciens bâtiments.

Sources